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La construction et la réhabilitation durables représentent un gisement d’emplois

Florence Rosa est architecte et présidente de l’association Bâtiments Durables Méditerranéens (BDM).

Le Guide de la Maison Ecologique. Pourquoi est-il souhaitable de construire ou rénover « durable » dans la région méditerranéenne ?

Florence Rosa. Au Nord comme au Sud, nous sommes confrontés à une urgence : limiter le réchauffement moyen de la planète Terre à moins de 2° d’ici 2050. Pour atteindre cet objectif, la France et d’autres pays industrialisés considèrent qu’il faut diviser par quatre les émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990. C’est ce que l’on appelle le facteur 4. Or, au vu de l’évolution de la situation, certains évoquent même la nécessité d’un facteur 7.
Le secteur bâtiment représente, en France, 42% de l’énergie produite et 23% des émissions de GES. C’est dire s’il est concerné au premier chef par cet impératif. En région PACA, nous consommons un peu plus d’énergie que la moyenne nationale, comme l’indique l’état des lieux dressé en 2007 par l’Observatoire régional de l’énergie. Il faut donc faire plus d’efforts, et, concernant le bâtiment, intégrer cette démarche dans une attention globale à notre environnement méditerranéen. Celui-ci est caractérisé par des excédents de soleil, de sécheresse et de vent, dans un contexte socio-économique plutôt moins favorisé que les régions et les pays du Nord de l’Europe.
Par ailleurs, au-delà de l’enjeu environnemental, la construction et, plus encore, la réhabilitation durables représentent un formidable gisement d’emplois de proximité pour les années à venir.

GME. Concrètement pour le particulier, par où commencer et quels postes privilégier, lorsque l’on n’a pas les moyens d’être exemplaire du premier coup ?

F. R. Ce qu’il faut éviter avant tout, ce qui coûte le plus cher et est le moins qualitatif à terme, c’est la rustine. Il vaut mieux étaler des travaux bien pensés. Or chaque cas s’avère différent, selon la date de construction de l’habitation, les choix de matériaux et de conception faits à l’époque, l’entretien des installations… Pour faire le bon choix, il faut d’abord établir un bon diagnostic et, en général, cela commence par une étude thermique : on peut tout à fait obtenir un diagnostic de qualité pour 500 €.
Cette étape s’avère indispensable pour définir les travaux à réaliser et les programmer dans la durée, selon une logique d’efficacité. Par exemple, changer les fenêtres sans avoir mené au préalable une étude thermique des parois peut s’avérer un beau gâchis si, ensuite, il faut procéder à une isolation par l’extérieur et que les nouvelles fenêtres n’ont pas été posées en fonction de cette donnée…

[blockquote style= »1″]Le meilleur rapport qualité-prix réside dans la solution de bon sens[/blockquote]

GME. Qualité, performance et meilleur coût sont-ils compatibles ?

F. R. Le meilleur rapport qualité-prix réside dans la solution de bon sens. Dans notre région, cela passe par exemple par le fait de planter des arbres à l’ouest, d’installer des brises-soleil au sud ou bien encore, de bannir le recours aux technologies non maîtrisées… S’agissant des matériaux, en France dans une certaine mesure, en Provence-Alpes-Côte d’Azur plus particulièrement, certains coûts risquent de rester plus élevés tant que les filières économiques de l’éco-construction durable ne seront pas mieux structurées.  C’est l’une des missions des associations comme BDM et d’autres Pôles régionaux de développement solidaire économique (PRIDES) liés à la construction, que de soutenir et accompagner sur cette voie les entreprises du secteur du bâtiment. Du côté des porteurs de projets, notamment les particuliers, plus ils demanderont des matériaux locaux, plus les filières locales auront une chance de se développer. Elles se mettent en place ici et là, c’est important de prendre un peu de temps pour se renseigner, les trouver, les soutenir.

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