La paille, un mode constructif d’avenir

SophieLossky
Sophie Lossky, architecte à Uzès (Gard)

La paille prend son envol. Elle quitte le cercle restreint des auto-constructeurs écolos et s’affirme comme un mode constructif particulièrement performant, économique et innovant. Le matériau, disponible partout, excellent isolant thermique ne manque pas d’atouts. Le point sur le sujet avec Sophie Lossky, architecte engagée dans la construction bioclimatique et la performance énergétique, très bien inspirée par ce produit 100 % naturel.

« Le matériau a tout pour plaire : il permet des constructions de qualité, à la fois durables, économiques et écologiques, en favorisant les circuits courts et donc les emplois locaux ». Une fois lancée, Sophie Lossky, est intarissable sur le sujet. Au fil des années et des projets, l’architecte a pu éprouver les qualités du matériau et n’hésite jamais à mettre la main à la paille (et à la terre) pour parfaire ses connaissances et imaginer de nouvelles créations. Sa dernière réalisation, la maison FLFX dans le Gard (photo ci-dessus), une habitation paille et bois bioclimatique, résolument contemporaine, a été primée au Palmarès construction Bois Environnement du Languedoc-Roussillon 2013.

Performance thermique et acoustique

« C’est un fabuleux isolant. La paille apporte des performances thermiques remarquables. On peut l’utiliser pour l’isolation par l’extérieur, pour la toiture, les combles ou les planchers. Autrefois, on stockait la paille au grenier, ce n’est pas pour rien ! Elle offrait à la maison la meilleure isolation possible ». La paille absorbe le son, elle apporte une excellente acoustique aux pièces à vivre et protège des bruits du dehors.

Paille et enduit terre : la combinaison gagnante

Les murs en paille doivent être protégés. Ils peuvent être associés à un bardage bois ou à des enduits. Sophie, c’est l’enduit terre qu’elle préfère ! « L’enduit terre apporte une qualité hygrométrique exceptionnelle. La terre absorbe l’humidité et la restitue quand il fait chaud, par évaporation ». Cela contribue à créer à l’intérieur de la maison une ambiance saine et particulièrement agréable en toute saison.

Une mise en œuvre rigoureuse

Si la mise en œuvre est relativement simple en soi, elle nécessite toutefois d’être rigoureusement suivie.
La seule contrainte à l’usage de la botte de paille est de la protéger du feu et de l’eau. Il faut également respecter à la lettre les règles professionnelles pour la mise en œuvre.
« Elles sont issues des savoir-faire des « pailleux » du monde entier qui partagent leurs connaissances et leurs pratiques, testées et validées par des essais menés par les bureaux techniques. Elles s’enrichissent constamment des nouvelles réalisations. Attention à bien choisir les bottes, selon la densité, la forme, la taille, le taux d’humidité. Elles doivent être utilisées rapidement ou stockées soigneusement à l’abri de l’humidité, sinon elles pourrissent ! »

La paille, une alliée de la transition énergétique ?

Certainement ! Avec la paille on peut atteindre immédiatement une résistance thermique très élevée (R =7). Disponible dans toutes les régions, la paille peut être de nature différente (blé, lavande, riz…). Elle est financièrement accessible. « C’est pourquoi, elle reste pour les auto-constructeurs un mode constructif très prisé. Mais attention, je ne préconise pas la paille à tout prix. S’il faut faire des centaines de kilomètres pour aller la chercher, la démarche perd tout son sens ».

Les collectivités sensibles aux atouts de la paille

La demande pour la construction paille dépasse désormais largement le cadre de la maison individuelle. Les collectivités territoriales s’y intéressent de près. « Des écoles en Ile-de-France, une mairie en Rhône-Alpes, des salles polyvalentes aux quatre coins du pays utilisent la paille. Dans les Vosges à Saint-Dié, une résidence HLM, un bâtiment passif à ossature bois, isolé par de la paille, compte 7 étages ! C’est un cap pour l’utilisation de la paille en France. Dernièrement, une délégation de conseillers généraux et d’élus d’une commune rurale est venue visiter la maison paille que j’ai réalisée à Fons-sur-Lussan, dans le Gard. J’étais heureuse de leur intérêt et de leur bonne connaissance du sujet ». Affaire(s) à suivre.

En savoir plus :
Atelier d’architecture Sophie Lossky  : s.lossky@orange.fr
Tél. :  04 66 22 79 78

Partagez-moi :

2 réponses

  1. Bonjour, j’adore les maisons en paille. Mais dans une région humide, ce type de construction est-elle envisageable ? Faut-il un outillage particulier ? Merci et à bientôt (j’aime bcp ce blog).

    1. Bonjour Denis et merci pour votre intérêt. La construction paille est envisageable dans les régions humides. Là comme ailleurs, à condition que la mise en œuvre respecte les règles préconisées, dès la fabrication des bottes.
      Je vous engage à consulter le site du Centre national de la construction paille, CNCP, pour tous les détails et les exemples dans votre région.
      N’hésitez pas à nous tenir au courant de vos projets paille !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Inscrivez-vous à notre newsletter

Derniers articles

Vous pourriez aimez aussi...

La balle de riz, l’isolant économique

Matériau naturel, la balle de riz est l’isolant écologique qui gagne à être connu. Appréciée pour ses qualités isolantes remarquables et son prix mini, l’enveloppe du petit

Construire local et naturel c’est possible

Utiliser les matériaux du territoire, paille, chanvre, bois, pierre, terre et autres sous-produits agricoles  pour construire et rénover son logement, le concept se (re)développe aux quatre coins de